Les Saintes-Exs

par Ploum le 2005-11-16

Lorsque l’on repense à ses ancienne petites amies, on se rend compte que certaines ont été une part importante de notre vie.
Je ne parle évidemment pas des conquêtes d’un soir voire quelques jours, mais bien de celles avec qui on a parcouru un bout de chemin, quelques mois, quelques années. De celles avec qui on a vécu, avec qui on a des souvenirs, des photos, des objets, …

De celles-là, pour certaines on se rend compte, a posteriori, que l’on n’a jamais été réellement amoureux. On les aimait beaucoup, on les trouvait charmantes. Mais, au fond de soi, on sait que ça n’aurait pas pu tenir la longueur. Notre relation peut avoir duré longtemps. On ne s’en rendait pas compte. On s’entendait tout simplement bien. On était pas si mal finalement, alors pourquoi changer ?

En les croisant par hasard, on se demande finalement ce qu’on a bien pu leur trouver, que c’est évident que l’on était pas fait l’un pour l’autre. On sait qu’on a fait le bon choix de ne pas continuer avec.

Il y a celles avec qui on y a vraiment cru. Celles dont on a été fou amoureux. On ne pouvait passer une seconde sans penser à elle, on aurait tout fait pour elle. On était si bien près d’elle. On aurait aimé pouvoir se blottir dans ses bras pour que chacun de nos atomes soit en contact avec sa peau. En même temps, on aurait voulu la prendre contre soi, la protéger, la cajoler. On a beaucoup parlé. On a même parfois fait des projets d’avenir dont on a honte aujourd’hui.
En revoyant les photos, en repensant aux vacances avec elle, on est nostalgique, on regrette.
Un jour, en la recroisant, on se souvient pourquoi on a rompu. Il y avait décidément trop d’incompatibilités. Et puis, elle semble avoir changé. Elle fume. Elle s’habille différemment. Elle semble si différente, non? On ne sortirait plus avec si on la croisait maintenant. On reste amoureux de ce qu’elle était, pas de ce qu’elle est devenue.

Enfin il y a les copines, avec qui on a cru que ça pourrait marcher. On s’entendait bien avant et un soir, on a foiré. Après quelques jours ou semaines, on s’est dit mutuellement qu’il valait mieux qu’on reste amis. Parfois, dans l’ambiance d’une soirée, on s’est relaissé aller. On a foiré une nouvelle fois. Tous les deux aussi coupables l’un que l’autre. On l’a regretté terriblement en se réveillant le lendemain, on s’est rhabillé un peu gêné et on s’est dit au revoir, juste entre la bouche et la joue.
En la revoyant, on sent une pulsion physique, purement corporelle. On aimerait se laisser aller de nouveau. Mais on sait pertinemment qu’on va le regretter, que ce n’est pas celle que l’on cherche.

En réalité, on a partagé beaucoup de choses mais ces temps sont révolus. Elles sont sorties de notre vie, on a, parfois avec beaucoup de difficultés, finit par faire le deuil de notre relation, de cette période qui semble si heureuse dans nos souvenirs.

On pense n’en garder aucune séquelle, juste des bons souvenirs. On pense.

Car ces femmes partagent toutes un point commun, un pouvoir terrible.

Lorsqu’on les recroisera au bras d’un autre, on ne pourra réprimer un raz-de-marée de jalousie, une brusque accélération du pouls quand, pris par surprise, on remarquera :
– Mais… Mais… Elle sort avec !

Quoiqu’on fasse, on ne pourra s’empêcher de se comparer à l’autre. Il est objectivement moins beau. Plus petit. Moins sportif. Est-il aussi attentionné que moi ? Aussi câlin et imaginatif sous la couette ? Aussi endurant ? Connais-tu avec lui ces moments où nos corps nus se serraient l’un contre l’autre aussi près que possible et où je te murmurais des mots d’amour au creux de l’oreille ? Le regardes-tu avec ces yeux admiratifs quand il t’explique les étoiles et l’univers ?

Alors, avec un sourire crispé, on lancera un bonjour trop jovial pour être crédible. En apparté, on s’entendra dire :
– Il a l’air chouette ton copain. Sincèrement, je suis très heureux pour toi !
tandis que des milliers de démons hurleront dans notre tête.

Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) !

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