La vie trépidante des moules… (TOME XII)
par Ploum le 2010-12-03
La littérature antique, chez moi, c’est plus qu’un passe temps. C’est véritablement une passion. Particulièrement l’ère terrestre, celle pendant laquelle les êtres humains vivaient uniquement sur la terre et n’avaient pas encore atteint la moindre planète extérieure.
Les œuvres imaginaires de cette période sont les plus intéressantes. Souvent, il est difficile de différencier le fantastique des croyances de l’époque. Ainsi, j’ai trouvé un vieux livre au marché de Marineris City-Mars. En le lisant, je me demandais : croyait-on vraiment au magiciens à cette époque ? Aux sorts ? Aux dieux ?
Il y a également le phénomène de l’anticipation : des livres essayant de prévoir le futur. Ceux-là sont spécialement amusants. Beaucoup avaient, à juste titre, prévu l’expansion de l’humanité à travers la galaxie. Mais aucun, absolument aucun, n’avait imaginé que nous rencontrerions les Reps.
Pour vous comme pour la toute grande majorité de l’humanité, de New York-Terre à Welsh-Beta Centauri, les Reps font partie de la vie de tous les jours. Quelle maison n’a pas son décapodes aux longs tentacules velus ? D’ailleurs, qui ferait le ménage, le rangement, le nettoyage si vous ne l’aviez pas ? Comment tourneraient les usines de Methania-Titan si la seule espèce vaguement intelligente que nous ayons rencontré dans l’univers n’avait pas été aussi servile ?
En ce qui me concerne, cela aurait signifié la non-existence de mon boulot de « désemmêleur » et sans doute encore un peu moins d’argent à consacrer à mes précieux grimoires.
Vous le savez fort bien, les Reps ont une intelligence proche de celle d’un cheval ou d’un chien. Mais ils aiment aprrendre à réaliser des actions compliquées en se servant de leurs dix tentacules. Ce qui en fait des auxiliaires idéaux pour les tâches monotones et répétitives. Ils aiment ça.
Votre marchand vous a certainement mis en garde : ne leur apprenez pas trop rapidement des enchaînements complexes. Soyez progressifs ! Leur petit cerveau peut ne pas résister à la surcharge. Auquel cas, pris de frénésie, ils s’emmêlent, poussent des cris rauques et ne sont plus bons à rien.
C’est ici que j’interviens.
Je récupère d’abord la pauvre bête. Généralement dans un triste état. Pas plus tard que la semaine passée, j’ai été appelé à Magellan-Luna pour un jeune Rep familial appelé Élep. Je l’ai aussitôt rapatrié dans mon cabinet de New Mexico-Mars. Le pauvre tremblait, tétanisé, ses six yeux globuleux exorbités, les tentacules noués et agités de soubresauts.
Patiemment, je l’ai « désemmêlé » et reconditionné. Bien entendu, un Rep « désemmelé » reste marqué à vie. On ne peut plus lui demander grand chose après un tel traumatisme. Néanmoins, il peut se révéler utile pour les tâches simples. Élep, par exemple, a été racheté par les Blanchisseries de la Baltique, installées dans le méga complexe industriel de RiPo (Riga-Pozdam, la gigapole polonaise), sur notre bonne vieille terre.
Là, tout en rinçant et essorant les vêtements, un petit boulot pas trop difficile, Élep coule des jours paisibles. Et, au passage, je me suis fait un beau petit bénéfice.
Moralité: À RiPo-Terre, Élep rince, désemmelé.
Et oui, les moules sont de retour après une bien trop longue absence. Si vous ne connaissez pas les moules ou si vous voulez vous rafraichir la mémoire, voici l’intégrale de la vie trépidante des moules
Je suis Ploum et je viens de publier Bikepunk, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, achetez mes livres (si possible chez votre libraire) !
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